30 septembre 2009

Affiches de propagande





























Musée de la guerre - Londres

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8 septembre 2009

Lou marin



Voilà Lou et David, un 31 août.

Ils se sont regardés pour la première fois à la pouponnière. Moi, j'avais eu le coup de foudre pour sa mère. Je la désirais dans ma vie, le plus souvent possible. Elle me remarqua puis comprit mon regard grave et jovial. Mon chum s'étant poussé avant mon accouchement et elle célibataire, nous décidâmes de louer un appartement ensemble. Nous fîmes un alliage heureux avec nos deux fils. Mon attirance envers elle n'avait rien de charnel, mais j'avoue que j'ai eu quelques suaves images. Mon truc est définitivement musc, poils, terre et cuir.

Sept ans ensemble jusqu'à aujourd'hui.
Ce matin, malgré les nuages, nous décidons d'aller à la plage. Avec cette humidité accablante, l'eau nous fera grand bien. La plage est presque déserte. Le risque d'orage ayant éloigné les vacanciers. Parfait.

Au moment où je prend la photo, David se penche pour ramasser une jolie pierre verte et polie qu'il vient m'offrir par la suite. Après avoir montré à Renée le cliché sur mon appareil numérique, je vois David courir vers moi. Maman, maman ! Renée et moi rions de le voir si heureux en oubliant un peu Lou derrière. Du coin de l'oeil, je remarque tout de même qu'il a les deux pieds dans l'eau. Je fais signe à Renée qu'elle regarde son fils. Elle est vibrante, soûlée de bonheur. Nous examinons la pierre de David qui n'est en fait qu'un morceau de verre. Nous feignons la découverte. David est si fier du trésor qu'il m'offre. Renée me vole la pierre, puis David fait de même et je tente de la reprendre à nouveau. Je cours difficilement dans le sable après le petit pour reprendre ma pierre. Renée se lève aussi et court avec moi. Nous tournons en rond, essoufflés, les jambes lourdes puis David crie Aïe! Renée et moi regardons son petit orteil tailladé par un petit morceau de verre non poli en donnant un becquer bobo chacune notre tour.

Nous revenons nous asseoir sur les serviettes de plage et tournons en même temps la tête en direction de Lou. Il n'y est pas. Nous regardons vers le bosquet de framboisiers puis allons jeter un coup d'oeil dans la tente. Personne. Nos mains tremblent. David n'arrête pas de nous demander où est passé Lou, il veut jouer à cache-cache lui aussi. Nous courons vers la plage et David remarque un petit bout de tête, très loin, au large. Nous crions comme des folles. Meilleure nageuse, je demande à Renée de rester avec David qui comprend que ce n'est plus un jeu. Je nage le plus vite que je peux, mais je m'essouffle vite. Je ne vois plus la petite tête de Lou. Renée me crie d'aller plus vite et me sacre après. Je ne touche plus le fond. Je me rends près de l'endroit où nous l'avons vu pour la dernière fois et je plonge en nageant vers le fond. Je n'y vois rien du tout, j'étire mes bras le plus loin possible...  t'es où tabarnak!? L'absence de soleil et le sable charrié par les courants m'empêchent de voir autour de moi. Je me démène dans un courant froid et j'avale un peu d'eau. J'allais oublier de respirer. Je me propulse hors de l'eau et lève les bras au ciel en regardant Renée qui est à genoux dans le sable. Je replonge et tâte le vide de nouveau. En ressortant ma tête hors de l'eau je vois qu'elle crie, mais je ne l'entends plus. J'ai très mal aux oreilles quand je vais trop creux. Elle mime que je dois replonger et fouiller le sable. Je veux mourir de peine en la regardant. Je ne peux pas retrouver son fils je vais y rester aussi. Je nage alors vers la plage. Renée fait non, crie, tire ses cheveux, donne des coups de poings dans le sable. Elle me traite de lâche et de sans-coeur. — Retourne maudite innocente! Comment ça que t'es pas capable de me le ramener, il est juste là!
Je reviens vite à la plage. Elle me donne des coups dans le dos pendant que je cours vers la roulotte à patates. 911.

— Maman, sanglote David, Lou m'a dit qu'il voulait aller dire bonjour aux sirènes.

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