Je me fais l'écho du cahier spicilège de Mistral dans lequel j'apprends avec regret et amertume ce qui suit :
Communiqué: Michel Vézina n’a pas démissionné.
Thu 2:06pm
Comme vous avez pu le constater dans l’édition du ICI du 29 janvier 2009, j'y signe ma dernière chronique. Le paragraphe suivant l’intertitre This is the end (air connu), se lit comme suit : « C’est fini. Nous n’aurons plus le plaisir de nous croiser, du moins ICI, chers lecteurs.
Pour des raisons hors de mon contrôle et de ma volonté, je ne tiendrai malheureusement plus cette chronique. »
Veuillez noter que la version envoyée au journal a été modifiée, et qu’elle aurait du se lire comme suit : « C’est fini. Nous n’aurons plus le plaisir de nous croiser, du moins ICI, chers lecteurs. Vous avez été nombreux à avoir remarqué que mon nom n’apparaissait pas sur la liste des chroniqueurs, en une du dernier numéro du ICI. J’ai cru bon poser la question à mon patron, lundi dernier. Pour toute réponse, il m’a signifié que le temps était venu que nous nous séparions.
J’aurais «fait le tour». »
Cette coupure intempestive relève de la censure pure et simple.
Selon la version publiée par l’hebdomadaire ICI, propriété de Québécor, on a l’impression que je rends les armes, que je baisse les bras, bref, que je démissionne. Or la vérité est toute autre. Sylvain Prévate, éditeur adjoint de l’hebdo, m'a signifié que mes services n’étaient plus requis, en me donnant pour toute raison que j'avais « fait le tour », et ce, à peine six semaines après m'avoir assuré être très satisfait de mon travail de chroniqueur littéraire.
À noter, Je n’avais pas encore signé le contrat de cession de droit, non-négociable, qu’impose depuis peu Québécor à tous ses pigistes.
Dernier Bord en bord, intégral!
Thu 10:25am
Le tour
Ma chronique de la semaine dernière vous a apparemment interpellé. Vous avez été nombreux à me signifier qu’elle vous avait fait réfléchir, qu’elle vous avait obligé à vous questionner sur la liberté d’expression, sur le courage, sur le droit à la parole, sur la place des médias, sur leur responsabilité, sur la critique, le second degré, l’ironie.
Dans toute cette saga du Byebye, tout le monde s’est accordé, dans une belle unanimité – médias, public, ligue des noirs, celle-là même qui avait demandé le retrait de l’affiche du film Le Neg’ il y a quelques années – pour vilipender les auteurs de la revue de l’année. Mais personne ne s’est levé pour dire que ces attaques passaient carrément à côté du sens du monde.
Libre? Qui peut encore se dit libre, aujourd’hui?
Accuser quelqu’un de racisme quand celui-ci s’attaque justement à cette tare qui gruge profondément notre monde, ici et ailleurs, est un geste grave. Ces accusations ont généralement des répercussions très importantes dans les vies personnelles des auteurs. Et malgré tout le non-sens de cette surenchère médiatique, aucun «bien-pensant», aucun «intellectuel libre», aucun artiste «anti-langue de bois» n'est sorti publiquement contre cette grossièreté digne des pires travers journalistique et sociétal.
Les Québécois sont-ils plus cave qu'en 1969, quand Yvon Deschamps faisait son monologue Nigger Black, ou qu’en 1975, Plume chantait Vieux neg’? Bonne question. Même si je pense que la sensibilité au second degré n’est pas donnée à tous le monde, j’ai du mal à croire que quatre millions de téléspectateurs ne soient pas à même d’en saisir un aussi peu subtil que celui du Bye bye.
En se faisant l'amplificateur des névrosés, des imbéciles et des exaltés, et ce à des fins purement commerciales, les médias ont été très peu édifiants, pour ne pas dire scandaleux. Au contraire du silence, les intellos de service se sont joints au carnage en crachant sur le travail de caricature et en parlant de «nivellement par le bas».
De mauvais goût? Peut-être. Mais aux yeux d’un de mes lecteur assidu, il est de plus mauvais goût encore d'obtenir une entrevue avec Ingrid Bétancourt pour lui montrer une infopub de Jean Charest. D’ailleurs, saviez-vous que Jean Charest était sur le point d’être décoré de la Légion d'honneur par le chum de Desmarais, Sarkozy, celui-là même à qui Bétancourt prétend en devoir beaucoup. Et saviez-vous qu’une des grosses têtes du think-tank de Charest était un des patrons de Zone 3, le producteur d’Infoman? Grossier?
Enfin, pour l’anecdote: quinze jours après le Bye Bye, Denis Lévesque recevait un transexuel. Il lui a demandé, texto, s'il avait profité de l'opération pour en demander une plus grande...
De mauvais goût?
This is the end… (Air connu)
C’est fini. Nous n’aurons plus le plaisir de nous croiser, du moins ICI, chers lecteurs. Vous avez été nombreux à avoir remarqué que mon nom n’apparaissait pas sur la liste des chroniqueurs, en une du dernier numéro du ICI. J’ai cru bon poser la question à mon patron, lundi dernier. Pour réponse, il m’a signifié qu’il le temps était venu que nous nous séparions.
J’aurais «fait le tour».
Merci pour l’intérêt que vous avez porté à cette chronique au fil des six dernières années et quelques mois. Merci à ceux qui ont commenté mes textes. D’ailleurs, un de mes lecteurs assidus m’a écrit il y a quelques jours pour me dire qu’il n’était pas souvent d’accord avec moi, mais que mes textes le forçaient toujours à réfléchir. Ça m’a touché.
Merci aussi à ceux avec qui j’ai eu le plaisir et le bonheur de travailler, au pupitre de votre section préférée pendant quatre ans (2002 – 2006): tous les pigistes, mes collègues des autres pupitres, les correctrices, réviseures, les gens des ventes, ceux de la production, les réceptionnistes et personnel d’entretien! Ce sont eux et eux seuls qui rendent vivable le quotidien d’un hebdo…
Merci aussi à Maxime Catellier, qui a su prendre le relais avec panache et grandeur depuis deux ans et demi. Merci à la plupart des chroniqueurs avec qui j’ai partagé ces pages. Certains n’ont fait que passer, d’autres ont été et sont encore des complices.
Et surtout, surtout, merci à Robert Lévesque, qui a été, reste, et sera toujours mon maître es chronica.
Allez, je pars faire un tour(1)
(1) Vous pouvez continuer de me lire dans Le Libraire et dans le Mouton Noir, et aussi de m’entendre à Vous êtes ici, sur les ondes de la Première chaîne de Radio-Canada.
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