27 août 2008

Collectif Mil-Doodle







Plastic-automatoc

Retard en vue va! cours à ton cheval qui n'a pas de nom écoute la bribe qui ne parle que de lui et de ses yeux de fer posés sur la chaussée sur tes mouvements et ton univers en expansion sans carcasses écorchées en mille ans suffit que d'un instant pour découvrir que les diamants sont de la roche cassée au fond des poches aux yeux truffés de rêves à toi partage embrasse encense guéris nous attaque le nerf de la colère par pulsion entouré ferme de mon vécul qui n'a pas de poésie et voilà la fin de mon clin d'oeil à Mil.

20 août 2008

McCain

J’écoute Echoes. Ça m’inspire une histoire de fœtus qui déchire le ventre de sa mère.

Des histoires horribles, j’en écris beaucoup. Toujours dans ma chambre, toujours sur Echoes. Exutoire facsinant. Dans ma gang, les filles confectionnent leurs vêtements, font des sacoches de cuir, vont chez l’esthéticienne, tiennent à jour leur journal intime ou se gèlent sans lendemain, mais n’écrivent pas d’histoires d’épouvante. Les gars, influencés par Rubrique-à-braque, dessinent de la bédé. S'échangent zines d’horreur, albums et bootlegs rares, s’inscrivent comme DJ à la radio étudiante. On m’encourage aussi à m’inscrire. Je mouille comme eux sur Eno, Fripp, Van der Graaf, ELP.

Assise par terre, je décris mon effroyable univers. Je carbure au Quick dans un verre de 10 pieds. Et là, ça me pogne. Je veux remplir ma bouche. Mes parents sont dans le salon. Son mari rit en regardant un sitcom anglo. Ma mère trouve ça nono. J’ai hérité d'elle. Moi aussi je trouve que tout est nono. En revanche, j’analyse mieux alors j’ai compilé une multitude de degrés d’imbécilité. J’ai faim comme si je n’avais jamais mangé. Un cratère dans mon ventre. Je sors de ma chambre en catimini. J’évite ainsi ennuis et/ou commentaires.

Je reviens vite à ma chambre. J’ouvre le couvercle du gâteau au chocolat congelé McCain. Première coupe chirurgicale : j’entame un petit morceau. Je suis raisonnable ! Allez, un deuxième. Une autre coupe « ça paraît même pas ». Trop tard, l’alcolo a prit son deuxième verre. Comme une grosse truie, je gobe le gâteau en entier. Ça me fait pleurer, comme quand je jouis.

Je me cache dans la salle de bain. Je fais beaucoup de tapage pour dissimuler le bruit des étrons en chocolat qui sortent de ma bouche et tombent lourdement dans la toilette. J’ai un problème.

16 août 2008

À la queue pour une graine

Parfois je me pense performante, à la hauteur, à mon meilleur.
Vigor, mon coach, arrive toujours subitement à ce moment-là. Vigor n'est pas seulement là pour me protéger. Il exige de moi une championne.

- Quoi ?! Toi, bonne ? T'as vu comment les autres font ? Je n'oserais même pas y penser, si j'étais toi. Comme si on voulait être toi... anyway.

Je m'accroche aux jambes de Vigor en me laissant glisser jusqu'à terre, la bouche grande ouverte, par où sort le mal, sans aucun bruit. J'ai l'air d'un caniche qui zigne. Aime-moi, j'en vaut la peine. J'ai autre chose que des petits sacs de caca à offrir.

J'ose quand même. En secret, je m'imagine avoir de la graine de gros calibre. Pas de la graine pour faire les tabloïdes. Je n'ai absolument pas cette graine-là. Mes expériences passées me l'ont confirmé. Non. De la graine pour sortir d'ici. De cet appart, que j'ai le goût de prendre entre mes mains et tuer. De cette ville. De la graine pour aller me planter dans les vallons verts, pour me laver les cheveux dans le crique, pour chasser les insectes à la macro, pour la pêche, le poêle à bois, le souper tranquille devant le ciel dénudé de briques rouges. Mais une maison en briques rouges, oui, et avec des lucarnes. La vieille affaire qui craque de vécu. Jaune ou verte. Bleue ou blanche. Verte, pour l'harmonie avec la nature, me rendrait fière.

Mettre ma graine dans un jardin.
Faire des confitures.
Descendre au cours d'eau pour pleurer.
Observer les oiseaux.
Recevoir des amis.
Sentir le tilleul, le jasmin, la menthe.
Être nue au soleil.
Être nue dans la neige.
Être libre de, chez-moi.
Tes mains sur mes hanches.

Dans mon hamac : St-Tropez de Pink Floyd, Tea for Two de Blossom Dearie, Une mouche sur ma bouche de Jacques Higelin.

And, Brother, can you spent a dime?

12 août 2008

Pool de luxe


Ambroise fait la pute devant la caméra.
Il contribue lui aussi pour remplacer celle que son maître a perdue. Presqu'écolo, la pub!

Ah non!
Aurais-je embarqué dans cette histoire de gastéropodes?!

Bavasserie.

11 août 2008

Coeur de Grisou

Dans les ruelles, je croque des chats.
Au début, j'avais un projet en tête. En y repensant, ce matin, j'avoue qu'il est presque terminé tandis que je me tapais sur la tête en me disant : c'est ça la lâche, encore du pas terminé. En plein toi! Cette attitude commence bien mal la journée.

Une de mes chasses fut particulièrement agréable. Température, lumière, tranquillité et surprises. Sur une porte coulissante de garage, une pièce de ferronnerie attire mon attention. Elle semble griffée, je m'approche. Ça m'intéresse. Je pourrais faire des recherches sur la toile. Absorbée dans le décodage du nom caché par la peinture écaillée, je ne me rends pas compte qu'une petite tête de grisou m'observe. Je sens tout de même une présence feutrée. Je lève mes yeux et je lui dit quelques mots gentils. Je lui demande s'il veut être le pet of the month. La couleur de sa robe était parfaite pour ce cliché.














2 août 2008

Put in the bouche

J'ai un fantasme de poutine. Depuis plusieurs mois que j'y pense mais, je n'ai pas d'argent à dépenser, même au Iceberg. À l'heure actuelle, un paquet d'gommes est un luxe. Ma chum Vivi veut me payer une bouffe au resto. Elle me demande ce que je veux. Chier cent piastres quand j'suis dans l'trou, ça m'exaspère au plus haut point. Elle m'amène donc manger une poutine.

- Cibole ! Ça fait longtemps que j't'ai pas vu ! J'ai ben failli aller faire un saut chez toi pour voir si on te r'tenait pas contre ton gré ! Qu'est-ce que tu fais ?

- J't'en réclusion. 'vais besoin d'recul...

- De kessé un recul, un recul de quoi ?

Le serveur, le nez en l'air, s'installe devant nous pour prendre la commande, pas d'sourire, pas d'bonsoir. J'lui garoche ma commande de la même façon lui montrant, s'il sait lire entre les cils, qu'il n'aura pas un gros pourboire.

- Recuuuuul ?

- De toute. Savoir où j'suis rendue pis pourquoi ch't'encore là. M'endurcir un peu aussi, question d'être capable de dire non quand ça m'tente pas. Surtout si je sais pertinement que ça va me gruger de l'énergie pour rien. Les bases, tsé. Faut aussi que j'essaie de trouver un moyen pour ne pas revivre une année comme celle que je viens d'passer.

- Qu'est-ce qu'elle avait d'si grave ?

J'ose rien dire. Je l'ai dit à Sis et à Émile sachant qu'ils ne me répondraient pas des trucs comme : « Hein ?! Pourquoi ?! Ben voyons donc... kessé qu'y a de SI grave ? Heille, tu sais que tu peux m'parler quand tu veux hein, Alice ? ». Ils ne disent rien. Ils ne me font pas sentir coupable de vouloir me flinguer. Mais là, à Vivi, j'sais pas.

La place est pleine de gens qui parlent forts. Je voudrais m'intégrer, faire la fête mais je n'y arrive pas. Juste à les regarder, j'ai du mal à les sentir. Je devrais me contenter de faire du blah blah à cinq cennes et d'arrêter de penser que la plupart d'entre eux ne méritent pas ce qu'ils ont parce qu'ils ne l'apprécient pas. J'suis vieux jeu pour ces affaires-là.

- Baaaah, tsé, peine d'amour... J'ai décidé de trouver chasuble à ma stature !

- Whatever ! Parlant énergie, t'as-tu r'vu Bandit ?

Whatever, ça c’est quand Vivi comprend pas. L'énergie, je ne sais pas d'où elle vient. Pourquoi elle me parle d'énergie ? Juste pour ploguer l'autre, je suppose. Elle est friande de potins et d'affaires amoureuses tordues. Bandit, c'est mon ex.

- Ouein, quelques fois depuis ma réclusion. Faudrait clore le dossier « passé » mais crisse... j'ai d'la misère ! Il est venu m'aider à déverser ma rage, pour que je puisse me libérer. J'suis pas capable de m'vider l'coeur. Il veut aussi que nous restions amis. Et amants, probablement. Mais, j'sais pas encore comment ça va virer tout ça. J'ai encore le goût de le voir. Sporadiquement, j'entends. En tout cas, y'a travaillé fort sur sa danse nuptiale l'animal !

- Oueiiiiiin. Tu y'as tu dis ça ?

- Que j'voulais pas revenir en arrière ? Oui, plusieurs fois déjà.

- Y répond quoi ?

- Que lui non plus ne veut pas revenir en arrière mais plutôt aller de l'avant.

- Ah les mex !

- J'aime ça pareil, comment il le dit.

Nos poutines arrivent. J'ai les larmes aux yeux. Je pense au passé avec Bandit. La chose qui me fait encore plus brailler est qu'il n'a jamais été sûr de nous. Depuis la première nuit, nous nous sommes toujours revus. Ça va faire bientôt sept ans.

La poutine sent bon. Je fouille dans l'fond pour un p'tit morceau de fromage fondu. Il me brûle un peu la langue. Je pose ma fourchette sur la table. Je souris à ma chum et je regarde les clients de nouveau. J'ai pensé à cette poutine souvent. J'en savoure encore l'attente. Des molécules de bacon m'enveloppent les poils du nez. Je suis à deux doigts de satisfaire un fantasme mais j'ai le goût de partir drette-là. Je me ravise : je suis bien, ma chum m'invite au resto alors be alive for once ! Je pouffe de rire, je me trouve ridicule d'être affligée à ce point.

- Pourquoi tu ris ?

- Bah, pour rien Vivi, pour rien.

- Enweille ! Mange ma belle ! On est pas venues icitte pour rien !

Je plonge mes mains dans la poutine. Je me mets deux poignées de patates brûlantes dans la bouche. Je crie en même temps, ça fait des ballounes de sauce brune. Mes muqueuses se boursouflent tranquillement mais je continue de mâcher en criant. J'enfourne deux autres pelletées... Vivi me regarde la bouche ouverte. Un bout de patate tombe dans son décolleté. Je pleure de rage, de douleur, je crie. La giblotte me dégouline dessus.

- Alice ! Ta bouche !

Je ne sais pas de quoi elle a l'air ma bouche. Gonflée ? La bouche de Jolie qui vient de manger des lames de rasoirs ? Silence total que j'entends. Les clients me rendent le regard que je leur ai adressé plus tôt. À la table voisine, une brunette de la banlieue s'accroche à la manche de son chum. Je lui dis :

- Effeye de faire fa fvoir, la tough !