28 mars 2009
27 mars 2009
Théodore Géricault
L'animation, j'adore !
Je visite donc régulièrement « Animation World Network » qui couvre presque tous les festivals de films d'animation dans le monde, les écoles spécialisées ainsi que le cinéma d'animation. Aujourd'hui, je tombe sur un vivant hommage à Géricault.
En juin passé, j'ai pu admirer le Radeau de la méduse dans l'aile Denon. Déjà saoulée de sculptures et de peintures dont je m'abreuvais depuis la matinée, Géricault m'ordonna de revenir le lendemain. Mes joues craquaient sous le sel tellement j'étais émue. Ne pouvant plus contenir ces émotions, je sortis du Louvres presqu'en courant, pris le métro, changeai d'arrondissement et arpentai rues et ruelles. Le lendemain, comme prévu, j'étais au rendez-vous avec Théodore après un crème et une tuile comme petit déjeuner dans les jardins. La suite fut tout aussi boulversante mais la pause me fit gagner sagesse et solidité.
Parlant du loup, le Musée invite la BD et dit : « Qui aurait pu imaginer qu’un jour le Louvre exposerait des planches de bande dessinée ? » Art misérable, en neuvième position !
N'empêche, y'a du progrès. J'ai hâte d'y retourner.
Je visite donc régulièrement « Animation World Network » qui couvre presque tous les festivals de films d'animation dans le monde, les écoles spécialisées ainsi que le cinéma d'animation. Aujourd'hui, je tombe sur un vivant hommage à Géricault.
En juin passé, j'ai pu admirer le Radeau de la méduse dans l'aile Denon. Déjà saoulée de sculptures et de peintures dont je m'abreuvais depuis la matinée, Géricault m'ordonna de revenir le lendemain. Mes joues craquaient sous le sel tellement j'étais émue. Ne pouvant plus contenir ces émotions, je sortis du Louvres presqu'en courant, pris le métro, changeai d'arrondissement et arpentai rues et ruelles. Le lendemain, comme prévu, j'étais au rendez-vous avec Théodore après un crème et une tuile comme petit déjeuner dans les jardins. La suite fut tout aussi boulversante mais la pause me fit gagner sagesse et solidité.
Parlant du loup, le Musée invite la BD et dit : « Qui aurait pu imaginer qu’un jour le Louvre exposerait des planches de bande dessinée ? » Art misérable, en neuvième position !
N'empêche, y'a du progrès. J'ai hâte d'y retourner.
8 mars 2009
1975 : Année Internationale de la Femme
J'avais 9 ans. J'étais avec une copine à l'extérieur d'un petit dépanneur de quartier près de la Côte à deux fesses. Nous avions le coeur qui battait trop fort pour sa grosseur et tordues de remords. Elle, je ne m'en souviens plus mais moi j'avais volé un paquet de cartes avec de la gomme dedans. Je n'osais pas le sortir de ma poche. J'en étais physiquement incapable, figée par la peur de me faire prendre. Mais on riait beaucoup et peut-être un peu jaune. Par contre, c'était réussi ! Nous avions plus de ravitaillement pour l'après-midi que nous allions passer dans la cour des égouts de béton. C'était notre village futuriste. On habitait des maisons rondes sur un sol martien. Notre immense terrain de jeu, entouré d'une très haute clôture avec des barbelés au sommet, n'accueillait pas n'importe qui. Le soir, quand nous étions dans la cour en pyjama à jouer aux élastiques, c'était au tour des jeunes adultes comme mon frère pis sa gang de Ste-Ursule.
En s'esclaffant, caisse de bière à la main, un homme sortit du dépanneur en coup de vent. Il portait un t-shirt rose "J'aime ma femme". Nous nous sommes regardées un instant, d'abord surprises de le voir vêtu de rose et puis, on se posa la question : pourquoi c'est écrit "J'aime ma femme" sur son t-shirt ?
En s'esclaffant, caisse de bière à la main, un homme sortit du dépanneur en coup de vent. Il portait un t-shirt rose "J'aime ma femme". Nous nous sommes regardées un instant, d'abord surprises de le voir vêtu de rose et puis, on se posa la question : pourquoi c'est écrit "J'aime ma femme" sur son t-shirt ?
6 mars 2009
Lui et moi
MOI. — Ce qui rend les gens du monde si délicats sur leurs amusements, c'est leur profonde oisiveté.
LUI. — Ne croyez pas cela. Ils s'agitent beaucoup.
MOI. — Comme ils ne se lassent jamais, ils ne se délassent jamais.
LUI. — Ne croyez pas cela. Ils sont sans cesse excédés.
MOI. — Le plaisir est toujours une affaire pour eux, et jamais un besoin.
LUI. — Tant mieux, le besoin est toujours une peine
MOI. — Ils usent tout. Leur âme s'hébète. L'ennui s'en empare. Celui qui leur ôterait la vie, au milieu de leur abondance accablante, les servirait. C'est qu'ils ne connaissent du bonheur que la partie qui s'émousse le plus vite. Je ne méprise pas les plaisirs des sens ; j'ai un palais aussi, et il est flatté d'un mets délicat, ou d'un vin délicieux ; j'ai un cœur et des yeux ; et j'aime à voir une jolie femme. J'aime à sentir sous ma main la fermeté et là rondeur de sa gorge ; à presser ses lèvres des miennes ; à puiser la volupté dans ses regards, et à en expirer entre ses bras. Quelquefois avec mes amis, une partie de débauche, même un peu tumultueuse, ne me déplaît pas. Mais je ne vous dissimulerai pas, il m'est infiniment plus doux encore d'avoir secouru le malheureux, d'avoir terminé une affaire épineuse, donné un conseil salutaire, fait une lecture agréable ; une promenade avec un homme ou une femme chère à mon cœur ; passé quelques heures instructives avec mes enfants, écrit une bonne page, rempli les devoirs de mon état ; dit à celle que j'aime quelques choses tendres et douces qui amènent ses bras autour de mon col.
Extrait "Le neveu de Rameau" - Diderot
LUI. — Ne croyez pas cela. Ils s'agitent beaucoup.
MOI. — Comme ils ne se lassent jamais, ils ne se délassent jamais.
LUI. — Ne croyez pas cela. Ils sont sans cesse excédés.
MOI. — Le plaisir est toujours une affaire pour eux, et jamais un besoin.
LUI. — Tant mieux, le besoin est toujours une peine
MOI. — Ils usent tout. Leur âme s'hébète. L'ennui s'en empare. Celui qui leur ôterait la vie, au milieu de leur abondance accablante, les servirait. C'est qu'ils ne connaissent du bonheur que la partie qui s'émousse le plus vite. Je ne méprise pas les plaisirs des sens ; j'ai un palais aussi, et il est flatté d'un mets délicat, ou d'un vin délicieux ; j'ai un cœur et des yeux ; et j'aime à voir une jolie femme. J'aime à sentir sous ma main la fermeté et là rondeur de sa gorge ; à presser ses lèvres des miennes ; à puiser la volupté dans ses regards, et à en expirer entre ses bras. Quelquefois avec mes amis, une partie de débauche, même un peu tumultueuse, ne me déplaît pas. Mais je ne vous dissimulerai pas, il m'est infiniment plus doux encore d'avoir secouru le malheureux, d'avoir terminé une affaire épineuse, donné un conseil salutaire, fait une lecture agréable ; une promenade avec un homme ou une femme chère à mon cœur ; passé quelques heures instructives avec mes enfants, écrit une bonne page, rempli les devoirs de mon état ; dit à celle que j'aime quelques choses tendres et douces qui amènent ses bras autour de mon col.
Extrait "Le neveu de Rameau" - Diderot
5 mars 2009
Ma bio
Sans être trop existentialiste (ça ne me va pas semblerait), je reste consciente de mon environnement; chaque jour, je marche sur une planète qui fait partie d’un système solaire dans l’univers. J’essaie de garder la tête froide. Comment voulez-vous définir quelque chose ou quelqu’un de normal tandis que notre situation est purement accidentelle. Un heureux mélange dû au hasard. Voilà pourquoi le fait de me déplacer géographiquement sur la terre, le gazon, le sable, la mousse, l’eau, est au-dessus de mes forces quand j’y pense un moment. Je ne sais juste pas quoi faire avec toutes ces informations : les particules, les atomes, l’azote, les minéraux, les photons, les gaz, le plancton, la chlorophylle, aaaah !
Quand on a en arrière-plan l’évolution de la matière et la complexité de la structure moléculaire des espèces, s’arracher les cheveux pour un bouchon sur la 10, faire le choix d’un tablier qui s’agence avec les couleurs de la cuisine ou sortir de ses gonds pour une pinte de lait vide devient complètement absurde. Ce ne sont pas de bons exemples, ils sont absurdes, qu'on habite Mars ou Saint-Norbert-De-Mont-Brun ! Quand je quitte ma tanière trop tôt pour aller au boulot et que j’entre dans l’édifiante heure de pointe, je ne peux m’empêcher de voir cette image du troupeau qui marche lentement vers l’abattoir. Parfois, juste pour rire, je beugle tout bas un long soupir. On se retourne pour voir et moi aussi. Le bétail est l’image classique. Je vois également de la viande qui se déplace puis des milliards de cellules qui se régénèrent et se dégénèrent. Des peaux mortes, vivantes ou cancérisées, de la kératine au vent, gonflée de mousse tenue extra-forte et parfois, des humeurs agréables.
Malgré ma fascination, j’aime de moins en moins mon prochain même s'il est peu banal lui aussi. Certaines personnes ne consomment que de l’énergie, ne donnent et ne contribuent en rien à l’évolution et/ou l’humanité. Ce qui m’amène à ne pas avoir le goût d’offrir quoi que ce soit à autrui sauf à mes très proches et quelques amis et encore, je me surprends à compter mes peines et mes pas. Ce pli est mauvais. Je passe alors à l’étape de l’indifférence. Comme d’habitude cela me donne un air de pas intéressée tandis que c’est tout ce qu’il y a autour du morceau de viande (pas l’humain dans ce cas-ci, mais un concept abstrait généralement convoité ou un produit de consommation) qui m’intéresse; le grain du bois de la table, la nappe de soie rouge, le verre, la mouche verte, le manche du couteau en corne soigneusement travaillé, la porcelaine peinte à la main et la lumière qui donne le ton. En se tamisant, certains éléments disparaissent et d’autres me chatoient l’œil qui aime ce qui brille dans la pénombre. Je pense tout à coup aux vagues d’éperlans qui roulent au clair de lune.
Quand Tête de Blé m’amène dans les campagnes aux collines et vallées bien roulées et moulées dans leurs robes vertes, mon être entier est comblé. Qu’il soit hostile ou luxuriant, l'environnement offre tellement de féeries qu’il est presque impossible de s’ennuyer dans un carré de sable. Quand je visite un coin de pays où la nature s'offre à moi, je ne peux m'empêcher de prendre congé de mes amis quelque temps pour aller explorer l'écosystème environnant. Chercher, découvrir et explorer est ce que je sais faire le mieux. Où je peux me donner entièrement et avec une patience infinie. Couchée à plat ventre pendant cinq heures pour voir surgir une cigale de la terre, oui. Oh oui. « Quatre années de rude besogne sous terre, un mois de fête au soleil, telle serait donc la vie de la Cigale. Ne reprochons plus à l'insecte adulte son délirant triomphe. Quatre ans, dans les ténèbres, il a porté sordide casaque de parchemin; quatre ans, de la pointe de ses pics, il a fouillé le sol; et voici le terrassier boueux soudain revêtu d'un élégant costume, doué d'ailes rivalisant avec celles de l'oiseau, grisé de chaleur, inondé de lumière, suprême joie de ce monde. Les cymbales ne seront jamais assez bruyantes pour célébrer de telles félicités, si bien gagnées, si éphémères. »*
À différents points sur la planète, j'ai scruté la faune, la flore et les minéraux de quelques écosystèmes. Chaque élément est important là où il se trouve. Chaque élément est bouleversant là où il se trouve. Enfant, je m'imaginais géante enjambant les montagnes et les campagnes pour les prendre dans mes bras. Encore aujourd'hui je vois cette image. Je frise la folie quand je pense à tout ce qui m'entoure. C'est trop.
* Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE, 1897, Vème Série, Chapitre 17.
Quand on a en arrière-plan l’évolution de la matière et la complexité de la structure moléculaire des espèces, s’arracher les cheveux pour un bouchon sur la 10, faire le choix d’un tablier qui s’agence avec les couleurs de la cuisine ou sortir de ses gonds pour une pinte de lait vide devient complètement absurde. Ce ne sont pas de bons exemples, ils sont absurdes, qu'on habite Mars ou Saint-Norbert-De-Mont-Brun ! Quand je quitte ma tanière trop tôt pour aller au boulot et que j’entre dans l’édifiante heure de pointe, je ne peux m’empêcher de voir cette image du troupeau qui marche lentement vers l’abattoir. Parfois, juste pour rire, je beugle tout bas un long soupir. On se retourne pour voir et moi aussi. Le bétail est l’image classique. Je vois également de la viande qui se déplace puis des milliards de cellules qui se régénèrent et se dégénèrent. Des peaux mortes, vivantes ou cancérisées, de la kératine au vent, gonflée de mousse tenue extra-forte et parfois, des humeurs agréables.
Malgré ma fascination, j’aime de moins en moins mon prochain même s'il est peu banal lui aussi. Certaines personnes ne consomment que de l’énergie, ne donnent et ne contribuent en rien à l’évolution et/ou l’humanité. Ce qui m’amène à ne pas avoir le goût d’offrir quoi que ce soit à autrui sauf à mes très proches et quelques amis et encore, je me surprends à compter mes peines et mes pas. Ce pli est mauvais. Je passe alors à l’étape de l’indifférence. Comme d’habitude cela me donne un air de pas intéressée tandis que c’est tout ce qu’il y a autour du morceau de viande (pas l’humain dans ce cas-ci, mais un concept abstrait généralement convoité ou un produit de consommation) qui m’intéresse; le grain du bois de la table, la nappe de soie rouge, le verre, la mouche verte, le manche du couteau en corne soigneusement travaillé, la porcelaine peinte à la main et la lumière qui donne le ton. En se tamisant, certains éléments disparaissent et d’autres me chatoient l’œil qui aime ce qui brille dans la pénombre. Je pense tout à coup aux vagues d’éperlans qui roulent au clair de lune.
Quand Tête de Blé m’amène dans les campagnes aux collines et vallées bien roulées et moulées dans leurs robes vertes, mon être entier est comblé. Qu’il soit hostile ou luxuriant, l'environnement offre tellement de féeries qu’il est presque impossible de s’ennuyer dans un carré de sable. Quand je visite un coin de pays où la nature s'offre à moi, je ne peux m'empêcher de prendre congé de mes amis quelque temps pour aller explorer l'écosystème environnant. Chercher, découvrir et explorer est ce que je sais faire le mieux. Où je peux me donner entièrement et avec une patience infinie. Couchée à plat ventre pendant cinq heures pour voir surgir une cigale de la terre, oui. Oh oui. « Quatre années de rude besogne sous terre, un mois de fête au soleil, telle serait donc la vie de la Cigale. Ne reprochons plus à l'insecte adulte son délirant triomphe. Quatre ans, dans les ténèbres, il a porté sordide casaque de parchemin; quatre ans, de la pointe de ses pics, il a fouillé le sol; et voici le terrassier boueux soudain revêtu d'un élégant costume, doué d'ailes rivalisant avec celles de l'oiseau, grisé de chaleur, inondé de lumière, suprême joie de ce monde. Les cymbales ne seront jamais assez bruyantes pour célébrer de telles félicités, si bien gagnées, si éphémères. »*
À différents points sur la planète, j'ai scruté la faune, la flore et les minéraux de quelques écosystèmes. Chaque élément est important là où il se trouve. Chaque élément est bouleversant là où il se trouve. Enfant, je m'imaginais géante enjambant les montagnes et les campagnes pour les prendre dans mes bras. Encore aujourd'hui je vois cette image. Je frise la folie quand je pense à tout ce qui m'entoure. C'est trop.
* Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE, 1897, Vème Série, Chapitre 17.
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